L'autre voie de l'Amiga La marque Amiga serait-elle en train de payer ses sept années de rachats successifs agrémentés de projets avortés ? En tout cas, on n'est jamais mieux servi que par soi-même ! C'est la devise qu'a fini par appliquer une équipe autonome de passionnés et d'experts en se fixant pour objectif la réécriture de l'AmigaOS, devenu trop dépendant d'un hardware propriétaire et plus fabriqué à ce jour. Le projet MorphOS, initié depuis plus de 3 ans par Ralph Schmidt et Frank Mariak, arrive aujourd'hui à maturité avec le Pegasos, un nouvel ordinateur PowerPC spécialement conçu pour lui ! MorphOS MorphOS (www.morphos.de) est donc, sans le nom, l'AmigaOS moderne et natif PPC que la communauté Amiga attendait depuis des années. Du moment qu'elles n'accèdent pas directement au hardware d'origine, toutes les applications Amiga actuelles fonctionnent sous MorphOS. Une version spéciale de l'émulateur UAE a toutefois été été prévue pour celles développées en 68000 accédant au hardware. Tout le reste du système est natif PowerPC : implémentation de la ROM, couche graphique et moteur 3D, son, interface utilisateur (GUI), pile TCP/IP, accès disque dur et CD. MorphOS dispose de la protection mémoire et gère également la mémoire virtuelle. Seul le Workbench de l'AmigaOS (3.1, 3.5 ou 3.9) est indispensable jusqu'à sa réécriture complète (courant 2002). Enfin, plusieurs logiciels sont déjà en cours de développement ou d'adaptation : Papyrus Office (PAO), MotionStudio (vidéo), Candy Factory Pro V2 (titrage), Fantastic Dreams 2 (morphing en temps réel), Voyager (navigateur Internet), ainsi que des jeux : The Feeble Files (aventure), Earth 2150, Empires In Time, Alien Nations et Majesty (stratégie), Rage Hard et Chicken Shoot (shoot'em up). Pegasos Pour contribuer à son développement, MorphOS est déjà disponible gratuitement (limité à 2h sauf pour les développeurs) sur les Amiga classiques A1200, A3000 et A4000 équipés de cartes PPC 603/604. Mais son intérêt a rapidement motivé la conception d'un nouvel ordinateur qui lui serait principalement dédié et architecturé autour des microprocesseurs PowerPC G3/G4. C'est ainsi que la société allemande bPlan (www.bplan-gmbh.de), formée d'anciens ingénieurs de PhaseV (ancien constructeur de cartes PPC Amiga), a lancé depuis près de 2 ans le projet Pegasos. Par la même occasion, elle finance MorphOS et son équipe. Autre objectif de la machine : supporter LinuxPPC. En moins d'un an, un prototype du Pegasos boote sur Linux, puis sur MorphOS. Le projet avance alors à grands pas et peut être présenté, en novembre dernier, au salon annuel Amiga de Cologne. Plus de 7 ans après la chute de Commodore, les Amigaïstes voient enfin un nouvel "Amiga" tourner ! Non seulement des applications MorphOS sont présentées sur le prototype du Pegasos, mais la première série des cartes-mères au format micro-ATX est aussi dévoilée aux visiteurs. Caractéristiques Quand on est habitué aux configurations vieillissantes des Amiga actuels, les premières caractéristiques du Pegasos sont vraiment alléchantes : carte-mère au format micro-ATX, slot processeur à 133 MHz, PowerPC G3, bi-PowerPC G4, et même à venir G5 à 2 GHz (2 MO de mémoire cache), SDRAM 133 (2 ports supportant jusqu'à 2 GO), AGP-2 pour cartes graphiques, 3 ports PCI (4 ports supplémentaires possibles), Firewire (100/200/400 Mbits), réseau (10/100 Mbits), 4 connecteurs USB, AC97 avec entrée micro et sortie son numérique S/PDIF, IRDA (port infrarouge pour PDA), ATA100, ports clavier et souris compatibles PS2, port série RS232, modem 56k intégré, port parallèle, connecteurs de lecteur de disquettes et de joysticks. De quoi avoir d'un coup un Amiga au goût du jour ! La première configuration sera proposée à 1000 euros pour la carte-mère avec PowerPC G3 à 350 MHz, 128 MO de RAM, un lecteur DVD, un disque dur de 20 GO, une carte graphique Matrox G450, le tout dans une tour ATX, mais sans le moniteur. La carte-mère seule sera quant à elle proposée à 650 euros avec PowerPC G3/350. Dans tous les cas, MorphOS sera inclus dans le prix. Pour quand ? Au moment où vous lirez ces lignes, les développeurs seront déjà dans l'attente de leurs premiers Pegasos. Les revendeurs à travers le monde devraient pouvoir ensuite les proposer à leurs clients entre le premier et le deuxième trimestre de cette année. Quant à la production, une première série de 500 unités est d'ores et déjà annoncée par le constructeur de matériel Amiga DCE. Cette production devrait arriver rapidement à 1000 unités, puis davantage, pour assurer l'avenir commercial de la machine. La réussite du Pegasos sous MorphOS dépendra d'abord du choix des utilisateurs de l'adopter comme étant le nouvel Amiga. En attendant, les retards répétés de l'AmigaOne officiel et de son AmigaOS 4.0 peuvent être la chance à saisir pour les sociétés lancées dans l'aventure, à moins qu'une sombre histoire de droits ne vienne freiner les ardeurs... Sébastien Jeudy.